mardi 11 novembre 2008

Visite

Je ne sais pas chantai-je.

Je ne sais rien. Mais peut-être un jour le saurai-je.

C’est incroyable ce que des mots peuvent faire.

Et une pauvre petite ombre se prélasse à côté des fruitiers. Je n’aimais pas les produits laitiers, mais ce ne pouvait être que de la rigolade tartinable.

Alors, éventuellement, je riais. Mais c’était aux abois, toujours, je n’étais rien d’autre qu’une ombre stressée, environnée de moucherons irascibles, me prenant pour un étron. En fait de lieu, j’avais l’univers et un petit appartement obscur. En fait de temps, j’avais le pouvoir courbe du cosmos et une montre mécanique accusant quelques dizaines d’heures d’avance.

Peu importe.

Tout ceci appartient au passé désormais, je ne sais plus ce que c’était, amnésie partielle.

Comme un tag sur le CAC 40. Comme une absurdité dans un café. Énormité crémeuse qui flottouille bravement au milieu de ce nectar pétillant. Un peu comme le Spook de Noon. Je n’espère pas. Je suis dans l’espoir permanent, je vis dedans et c’est beau lumineux.

Vous voulez une visite ? C’est simple, entrez en vous tout d’abord. Puis au premier signal d’une pensée vagabonde qui croyait vous avoir, présentez lui la grande bonde, celle qui permet de vider ses pensées et de les laisser flotter comme ce nuage de lait dans mon café, mais indépendamment de vous. C’est important, mais il ne faut pas se bloquer dessus. Ecrivons ensuite loquet et oublions le, effaçons le. C’est pas important mais ça aide. Et puis et puis là faut lancer quelque chose, un son intérieur, une bouée à la mer, une bouteille dans un champ ou un caillou dans l’air. Peu importe lancez quelque chose. Et visualisez la trace colorée que ça laisse dans votre petit collimateur personnel. Suivez cette trace, vous commencez à sentir ? Cet éveil des sens ? Ce soudain besoin de rien ? Eh bien vous venez de toucher l’espoir. Non point l’espérance, bien que là où la visite peut vous mener, vous n’ayez plus besoin d’une quelconque différence sémantique, ça n’existe plus, ça n’est plus important. Plus. Plus. Plus.

Il pleuvait sur mes mains. Il pleurait sur mes pieds. Et là j’ai cru qu’il allait neiger. On ne sait jamais, des fois ça arrive. Là ce n’était pas le cas, comme si une soudaine contrariété avait pris forme dans la gorge du ciel et qu’il avait dit : fini fini fini fini fini fini fini…

Et nous là dessous, on a dit : ah bon ah bon ah bon ah bon. Formidable Ah Bon, qui peut exprimer la surprise et la résignation à la fois, la soumission aux évènements imprévus. Mais comment dévisser le ciel ? Pour qu’il se sente plus libre ?

Comment comment comment comment comment comment comment comment ….. ?
Ça résonne dans ma gorge dans mon corps dans mon âme dans tout le cosmos. Et là on nous répond contre toute attente : Parce que.
Dites, vous auriez pas fait la sourde oreille Là ?
Un petit Peu.

Il ne neige pas encore.

R¨.
Le jeudi trente octobre deux mille huit.

Ohana

Grimper, seulement grimper, comme des gouttes, des sensations imperceptibles de la nature vicieuse du temps. Je ne suis plus dans le temps. Flottai-je? Je ne pense pas. Vivre et ne pas vivre à la fois, dans le coma? Non. J'entends encore le regard lourd des pas de mon père. Il est là, en long en large, me traverse de toute part. Respirer. Epier. Pourquoi ai je la sensation que ça tourne. En fait ça tourne, oui, mais mal. Un manège détraqué, une souris anémique. Ivrogne sur la lune, funambuliste du trottoir. Regarder les étoiles et soudain être soudé au sol, être coincé dans les sous-bassements dans les fondations. Englués je lève les bras. Les gouttelettes de suie s'abattent, glisse, colore, noircisse mes bras nus. Ma poitrine. Et coule et coule. Et creuse et creuse. Croire, avoir foi. Un cirque passe. Hé je suis là ! Là là là ! Oui oui ! J'existe vous savez. Parer avec moi? Pas de soucis. Vous me laissez dans le trou? Pourquoi pas. J'y suis bien finalement. Descendez, s'il vous plaît, descendez l'accordéon, je m'y accrocherai comme les marches de l'escalier, pour remonter. Tout est sombre et vide autour de moi. comme une caverne, j'aperçois des scintillements, des regards flous qui semblent me surveiller. Un éclatement de cristal et je suis aveuglé, éblouit par tant de splendeur. Tient, r'vlà la pluie. Difficile comme opinion. Horloge de suie, moi je préférai les fleurs. Finalement, je ne déprime pas, non, c'est amusant comme endroit. C'est à vous méprendre de la réalité. Je flotte encore, de nouveau mais profond. Paradoxe de l'acide peut-être. Je ne rêve pas, je ne suis que libre. Et puis en fait, enchaîné. Une question par ci une autre par là. Un chatoiement soudain, une étoile brûle et le cycle temporel est chamboulé, complètement. La rareté de l'expression du temps est un bienfait, je ne sais plus vers qui vers quoi, et quand me tourner. Et encore tourner n'est ce pas compter. Alors je virevolte. c'est incertain. Marchons, voulez-vous. Victoire, j'avance. Gredin ! J'avance ! Oui, homme seul, je vais. Je ne erre pas, je vais. Ô adoration de l'immensité de la Terre. Je suis au fond et pourtant je ne trouve que des issues. transversales horizontales. Je n'ai même pas envie de remonter. Là haut je connais que trop bien, que depuis trop longtemps. Posons nous. Observons là ce lac miraculeux fait de suie scintillante.

Le dix neuf juin deux mille huit.