mardi 11 novembre 2008

Visite

Je ne sais pas chantai-je.

Je ne sais rien. Mais peut-être un jour le saurai-je.

C’est incroyable ce que des mots peuvent faire.

Et une pauvre petite ombre se prélasse à côté des fruitiers. Je n’aimais pas les produits laitiers, mais ce ne pouvait être que de la rigolade tartinable.

Alors, éventuellement, je riais. Mais c’était aux abois, toujours, je n’étais rien d’autre qu’une ombre stressée, environnée de moucherons irascibles, me prenant pour un étron. En fait de lieu, j’avais l’univers et un petit appartement obscur. En fait de temps, j’avais le pouvoir courbe du cosmos et une montre mécanique accusant quelques dizaines d’heures d’avance.

Peu importe.

Tout ceci appartient au passé désormais, je ne sais plus ce que c’était, amnésie partielle.

Comme un tag sur le CAC 40. Comme une absurdité dans un café. Énormité crémeuse qui flottouille bravement au milieu de ce nectar pétillant. Un peu comme le Spook de Noon. Je n’espère pas. Je suis dans l’espoir permanent, je vis dedans et c’est beau lumineux.

Vous voulez une visite ? C’est simple, entrez en vous tout d’abord. Puis au premier signal d’une pensée vagabonde qui croyait vous avoir, présentez lui la grande bonde, celle qui permet de vider ses pensées et de les laisser flotter comme ce nuage de lait dans mon café, mais indépendamment de vous. C’est important, mais il ne faut pas se bloquer dessus. Ecrivons ensuite loquet et oublions le, effaçons le. C’est pas important mais ça aide. Et puis et puis là faut lancer quelque chose, un son intérieur, une bouée à la mer, une bouteille dans un champ ou un caillou dans l’air. Peu importe lancez quelque chose. Et visualisez la trace colorée que ça laisse dans votre petit collimateur personnel. Suivez cette trace, vous commencez à sentir ? Cet éveil des sens ? Ce soudain besoin de rien ? Eh bien vous venez de toucher l’espoir. Non point l’espérance, bien que là où la visite peut vous mener, vous n’ayez plus besoin d’une quelconque différence sémantique, ça n’existe plus, ça n’est plus important. Plus. Plus. Plus.

Il pleuvait sur mes mains. Il pleurait sur mes pieds. Et là j’ai cru qu’il allait neiger. On ne sait jamais, des fois ça arrive. Là ce n’était pas le cas, comme si une soudaine contrariété avait pris forme dans la gorge du ciel et qu’il avait dit : fini fini fini fini fini fini fini…

Et nous là dessous, on a dit : ah bon ah bon ah bon ah bon. Formidable Ah Bon, qui peut exprimer la surprise et la résignation à la fois, la soumission aux évènements imprévus. Mais comment dévisser le ciel ? Pour qu’il se sente plus libre ?

Comment comment comment comment comment comment comment comment ….. ?
Ça résonne dans ma gorge dans mon corps dans mon âme dans tout le cosmos. Et là on nous répond contre toute attente : Parce que.
Dites, vous auriez pas fait la sourde oreille Là ?
Un petit Peu.

Il ne neige pas encore.

R¨.
Le jeudi trente octobre deux mille huit.

Ohana

Grimper, seulement grimper, comme des gouttes, des sensations imperceptibles de la nature vicieuse du temps. Je ne suis plus dans le temps. Flottai-je? Je ne pense pas. Vivre et ne pas vivre à la fois, dans le coma? Non. J'entends encore le regard lourd des pas de mon père. Il est là, en long en large, me traverse de toute part. Respirer. Epier. Pourquoi ai je la sensation que ça tourne. En fait ça tourne, oui, mais mal. Un manège détraqué, une souris anémique. Ivrogne sur la lune, funambuliste du trottoir. Regarder les étoiles et soudain être soudé au sol, être coincé dans les sous-bassements dans les fondations. Englués je lève les bras. Les gouttelettes de suie s'abattent, glisse, colore, noircisse mes bras nus. Ma poitrine. Et coule et coule. Et creuse et creuse. Croire, avoir foi. Un cirque passe. Hé je suis là ! Là là là ! Oui oui ! J'existe vous savez. Parer avec moi? Pas de soucis. Vous me laissez dans le trou? Pourquoi pas. J'y suis bien finalement. Descendez, s'il vous plaît, descendez l'accordéon, je m'y accrocherai comme les marches de l'escalier, pour remonter. Tout est sombre et vide autour de moi. comme une caverne, j'aperçois des scintillements, des regards flous qui semblent me surveiller. Un éclatement de cristal et je suis aveuglé, éblouit par tant de splendeur. Tient, r'vlà la pluie. Difficile comme opinion. Horloge de suie, moi je préférai les fleurs. Finalement, je ne déprime pas, non, c'est amusant comme endroit. C'est à vous méprendre de la réalité. Je flotte encore, de nouveau mais profond. Paradoxe de l'acide peut-être. Je ne rêve pas, je ne suis que libre. Et puis en fait, enchaîné. Une question par ci une autre par là. Un chatoiement soudain, une étoile brûle et le cycle temporel est chamboulé, complètement. La rareté de l'expression du temps est un bienfait, je ne sais plus vers qui vers quoi, et quand me tourner. Et encore tourner n'est ce pas compter. Alors je virevolte. c'est incertain. Marchons, voulez-vous. Victoire, j'avance. Gredin ! J'avance ! Oui, homme seul, je vais. Je ne erre pas, je vais. Ô adoration de l'immensité de la Terre. Je suis au fond et pourtant je ne trouve que des issues. transversales horizontales. Je n'ai même pas envie de remonter. Là haut je connais que trop bien, que depuis trop longtemps. Posons nous. Observons là ce lac miraculeux fait de suie scintillante.

Le dix neuf juin deux mille huit.

dimanche 7 septembre 2008

Tesson

Mettre un uniforme n’est pas anodin. C’est comme passer une frontière, entre l’individu et le groupe. Canetti n’avait pas tort là-dessus. Mais comment s’investir ? Comment devenir le groupe sans se perdre soi. En fait c’est pour les autres que notre soi disparaît. L’uniforme n’est qu’une autre couche, une superficie de plus, une peau-tartine. Tu deviens nous, tu deviens vous. C’est ainsi. Mets ton uniforme et va jouer ! Oui, jouer jouer jouer, brûler les planches et raccourcir son pantalon, floush, tout crâme. Plus d’uniforme ! Qui me ressemblait survive ! Moi je m’envole. Et je suis nu, nue, comme un ver, une rivière. Dryade de l’eau et nymphe des bois. L’état naturel, brut, l’homme dans toute sa faiblesse. On est pas taillé, personne n’a pu le faire, la chair est trop molle. Peau, graisse, muscle dégoulinent et se solidifient sur la carcasse calcifiée. Nous sommes des stalagmites et des stalactites qui se régénèrent, en permanence, qui se mêlent, qui tentent de continuer leur lente route. D’où la bouée. Peut-être, un jour nous sauvera t’elle des eaux ? L’homme est loin d’être une machine, sinon, il ne se poserait pas la question, on est à la fois animal et minéral. Parce que friable et sanguin. Que fait une pierre quand elle s’effrite ? Elle a une hémorragie. Rivière de molécules se cristallisant sur nos pieds, nos mains, nos chaussures, et les pierres qui ne boivent pas, et le sable qui n’éponge pas, et les renards qui s’affrontent. Là dans le jour heureux, on regarde ensemble au loin et on voit ce carnage et on sent la bataille incessante, mais tout cela n’existe pas mon amour, c’est une perfusion qu’on oblige la terre à prendre, elle tourne rond, on la veut elliptique. Monde épileptique en quête d’autre chose, la virtualité nous exerce à ne plus sentir que la réalité loin de nous échapper est interne et bouillonne là où l’on croit qu’elle stagne. Dégage tes yeux, tes cheveux fous, tes mains, essuie toi les mains et pleure. Pas besoin de se laver, on est pas sale, il faut juste muer. Changer de peau, c’est pratique, non ? Et puis là, entendre battre son cœur, visualiser sa respiration, la faire tourner sur le sternum, dorée, rose, bleu, je tourne, tourne, tourne. Moulin d’énergie, les rapières disparaissent et le jour continu, dans le noir semblant profond. Mais on aime le jour, alors conserve le ! Rien n’est grave, rien n’est perte, tout à gagner et pourtant on croit encore avoir tout perdu. Mais où ? Où ? Où ? Où ? Nulle lieu, nul temps. C’est là et pas là à la fois, y’a pas à choisir, juste à être ici et à ne pas l’être. C’est ça hein ? On clignote ? Rouge, orange, vert ; rouge, orange, vert ; rouge-orange-vert, rougeorangevert, … C’est pas un peu rapide ? Sauter des étapes pour mieux y retourner ensuite. J’ai un trou noir dans ma carte, je saurai quand même où aller. Et puis même si je ne sais pas, je le saurai. Je trouverai pas, mais j’y arriverai. Juste parce que c’est là aussi. Ça tourne, suffit de suivre et t’y reviens. Mais tu peux dévier, c’est une fibre, un petit éclat, qui dit et si on tournait par là aussi ? Z’en dites quoi. Les autres répondent sans cesse, nan, on tourne, on tourne, on tourne encore. Bon, la prochaine fois alors. Et c’est ainsi que naquirent les évolutions. Monades fibreuses qui veulent faire des ellipses, les ronds, ça donne mal au cœur. On arrondit, on arrondit, on se concentre, encore encore encore, plus vite, allez ! Et pouf ! On explose. Nuit noire, petit pois pèse lourd aujourd’hui. Trou plein, plein petit. Mais où ils vont chercher tout ça ? Mais chez vous, chez eux, partout madame. Même vous vous pouvez y aller, y’a pas de soucis, on a tous les mêmes capacités, alors pourquoi hésiter encore à aller de l’avant. Le reptile sournois ? Mais c’est ce qui préserve certaines petites allégories parfois bien utiles. On a besoin d’un grognon dans le groupe, pour mieux penser qu’il faut avancer. Et puis d’une raison à lunette qui énerve, qui énerve, j’vous dis pas, mais c’est pas grave au moins elle aura parlé. Bon, on y va maintenant ?

Odeur de réglisse, petit coagulateur du monde, comme ces tessons antiques qui ont voulu être un seul. Sans uniforme.

R¨.

Mercredi six août deux mille huit

jeudi 24 juillet 2008

Soupe

Regardez vous les nuages ? C’est bien. La prochaine fois, mangez les ! Le ciel est une immensité palpante plus que palpable. Pelisse amniotique. On voudrait en manger, à pleine main, à pleine bouche, à pleine goulée, plus la couleur est intense, épaisse, moins la soupe céleste est chiche, le renard galant ne crèvera pas de faim cette fois. Et la cigogne au long bec peut elle aussi y plonger avec délice son appendice fuselé. Êtes vous furieux de vos petites historiettes qui tournent en boucle dans votre tête. Ribambelle de mots, perdent ils leur sens pour autant ? Pas sûr, pas certain. A creuser. On dit qu’à force de répéter, tout part, tout va à vau l’eau, étrange expression qui elle reste bien ancrée dans son terreau natal, saule ou maïs, ils tiennent la route avec leur bras organiques et musclés. Exemple le plus probant, le fameux « ça va ? ». Se référer à la cause organique pour plus d’informations.

Renvois incessants, quand arrêteront nous de recycler. La création tourne en boucle et une fibre craque, ce n’est pas l’art du Mulet, mais celui des Fondateurs, une branche seulement, un peu tordue, un peu déviée, mais dans le sens positif des choses, comme une échappée sauvage, un élan de liberté, et se cristallise dessus les quelques grains verticaux, jets de monades comme codes de la Matrice. Qui veut un livre ? Référence assurée ? Mais, cela ne vaut rien et c’est là le drame. Notes bibliographiques permanentes, pourquoi donc les expliciter, comprend qui peut et basta. Et le partage alors ? Comment peut on sortir de nous pour aller vers eux ? Réflexion tirée, étirée. Et si et si… Et si on faisait un texte empli de citation… Aucun mot ne nous appartient, même pas leur arrangement… Les mots nous échappent, ceux des morts nous restent, mais alors quand je le prononce ce mot qui roule sous la langue qui claque contre la langue, qui siffle le long des lèvres, n’est il pas à moi ? Et ce mot que je trace, qui s’arrondit sous ma plume, qui s’élance et s’affine en un élan du poignet, qui gratte le grain du papier, qui s’étire sur les lignes, n’est il pas à moi ? Et ce mot qui souffle à mon oreille, qui vibre sur mon tympan, qui illumine mes synapses, qui boule dans mon cerveau, qui se contorsionne dans ma mémoire, qui se noud avec ses presque semblables, n’est il pas à moi ? Et ce mot qui tourne dans mes nerfs, qui se reflète dans mes yeux, qui tord ma bouche, qui affole mes sens, qui contracte mes boyaux, qui chatouille ma peau, qui construit ma pensée n’est il pas à moi ?

Peut on réclamer une totale propriété sur un arrangement qui n’est finalement qu’un dogme, paradigme d’Anciens, de plus ? C’est comme vouloir une âme complètement à soi. Absurdité en la matière. On peut prétendre, mais effectivement nous n’avons rien. Nos irritations contre notre corps en sont une preuve flagrante. La volonté est là pour ne s’accorder avec rien. Vieux reflexe culturel disons.

Alors flottons flottons encore et encore, pour ne pas saisir les instants, pour être ces instants.

Alors tournons tournons toujours pour ne pas oublier que nous sommes la terre.

Alors marchons marchons pour prendre racine, (res)source.

Alors rêvons rêvons, pour exister.

Enfin…

R¨.

Mercredi vingt trois juillet deux mille huit

samedi 19 juillet 2008

Coupe

Bien le bonjour mes mignons ! Tout va pour la tiédeur du soi-disant bien dans le monde, nous pouvons continuer. Ne nous égarons pas sur le sentier de l’Idée sublime d’une droiture sans heurts ni nœuds. J’aime les nœuds dans le bois ce sont comme des petits cœurs, qui racontent, qui subliment des histoires, des passés qui deviennent présents. Présents dans ma main, sous les doigts fébriles de la connaissance, petit soleil noir. Avec des concessions marrons par moment, par instant. Je coupe à la virgule. Net. Mais je continue. Encore et encore. J’ai l’impression de me répéter, je ne roule pas sur ce lent ruban sans fin que toutes les voitures s’attendent attendries à voir s’arrondir sous leur roue unique de prêt-à-vivre.

Passer une frontière n’est pas anodin. C’est cliché, clivé et maintes fois rembobiné. Mais la subjectivité humaine est ainsi, unique. Un nuage passe nonchalamment, son ombre crée une limite lumineuse sur ma peau éponge, poreuse à tout ce qui vient la caresser. Le sevrage démultiplie les sensations, j’attends fébrile le jour de notre embrassade. Les brassées de fleurs tomberont par milliers tels des germes de salades sur les œufs noirs du caviar en pot. Petits smörgås en devenir. Des milliers de poissons en salades en sortent pour se répandre sur notre ventre de paysan rond et gonflé. Ça grouille partout. Tout sur la serviette. Tout sur le bidon. Et ça explose. Entrailles partout. Entrailles des eaux internationales, zone de non droit, zone déjà délimitée comme illimitée. Les poissons s’en foutent, eux. Mais et toi et toi ? Tu viens d’où ? D’où c’est qu’tu sors comme ça ? Mmh ? D’ici ou de là. De France ou de Suède. Peu importe. La réponse vaut pour l’identité. Et pourtant j’ai passé des frontières. Comme ça en dormant. Comme ça en roulant. Comme ça en aimant. Œil de lynx complètement assommé. Ça me rappelle les livres ça. Petits romans d’aventures, concentrés d’héroïsme fantaisiste. Rose. Tout rose. Et pourtant bien teinté de bleu. Bien teinté de rouge. Et de noir. Pour la cape. La ficelle boulotte le fantôme. Et moi je voyage encore. J’ai beau m’être posée je suis toujours dans tes bras dans le ballottement -le cahotement voudrai-je- des trains high-tech des compagnies du grand nord. On voit les différences capitales. On les ressent, ça stresse. Mais la frontière n’existe matériellement plus que par la chose la plus matérielle : l’argent. Même là où c’est comme partout, la bourse c’est l’indicateur, la balance. Ce n’est plus la vie. On vous demande la bourse ou la vie. Tu réponds la bourse. Et tu gardes la vie. Mais c’est la bourse qui te poursuit, c’est pour la bourse qu’on t’a fait chanter, trimer, adorer, crier, créer. Vecteur de vie. Air vivifiant. Une bourrasque se déchaine, les cheveux volent, le cheich virevolte et je peux de nouveau croire au recommencement.

Circonvolution ultime. Je ne prendrai pas la volte comme facilité. Je ne sais faire que des roulades ; alors roulons, voulez-vous. Le long de la pente du grand volcan en ébullition, le long du Nil et de l’Amazone. Je veux vivre à la frontière invisible, indicible du doux et du salé, du contrôlé et de l’immensité. Que ça bouillonne en profondeur, qu’on y vogue gaiement en surface, peu m’en faut, je veux boire de ce nectar païen, de ce breuvage profane, de ce cocktail détonnant, moussant. Emulsion fluvomaritime. Je veux être un bateau, je veux du roulis, des raclement, m’envoler pour être amorti. Si profondément que la toile craquerait, si doucement que je serai masse, toute entière et non, je ne m’écraserai pas, non, je deviendrai toute, unique, lourde et puissante. Et pourtant si fluide pour le peu de connaissance humaine qui nous reste. Piètre constatation. L’huile flotte. Mais l’huile n’est pas agréable. Le sable tombe, mais il vole aussi. L’huile est-elle capable de voler ? On le saurait à force de nous dire ignorant. Fleurs de cactus, je ne suis pas Yvonne.

R¨.

Samedi dix neuf juillet deux mille huit

lundi 16 juin 2008

Retro

On m’a fracassé les rétroviseurs. Je ne vois plus rien en arrière. Je ne sais plus les instants passés, les rires enjoués et les voix enrouées. La fricassée de la grand-mère a cramé sans circonflexe, je devais pas surveiller. Il ne reste plus rien, la fracture a été propre, on m’a rien dit, juste que c’était gonflant. Ou desséchant, au choix. J’aime la soudaineté de ce genre de table rase, enfin, rase, il me reste ma mémoire défaillante et quelques numéros sans autre envergure que le regard fiévreux de Le Meheu qui a perdu le mot de passe. Ô fiabilité humaine ! Les ressorts des mots qui sonnent comme des cloches responsables le glas de nos amours ne finit que par carillonner aux trente six chandelles dans le désespoir du vide de nos yeux humides. Bovins. Capuccino.

Comme cigare de Dutronc. J’ai, oui, décidé de faire des liens avec les images qui ne sont plus reflétées par rien. Tout reflet est imparfait, on le sait, alors ? Alors quoi ? Pourrait dire cet émouvant JB devant une glace sans tain. Ce « a » est étrange. La capitale n’est pas très loin, je ne sais tout de même si je tiendrai la distance. Distance comme comparaison, on finit par emmêler les routes prodiguées comme conseils de guerre. A droite toute ! A gauche, en avant, marche ! Et c’est parti pour un long voyage au Pays du Passé. Pourquoi tant de majuscules pétifiantes ? J’abêtis les regards pernicieux de la morue en rose qui m’a gonflé pour me mettre de force dans son rétroviseur. J’veux pas moi ! Tant pis. Elle l’a fait. Mais moi j’en ai plus, donc elle a sombré comme tous les autres. Je suis trop forte : j’ai recrée en situation réelle le Titanic et le Hollandais volant. La pollution en plus. La chair morte en moins. Ustensile à utiliser avec précaution.

Mais pourquoi ça avance pas ? Maintenant je peux, je suis vidée et en même temps je suis peinte et collante, adhérente à toute renaissance, même en zombie de ma mémoire ? Ah mais voilà, c’est ça : j’veux une mémoire zombie. Hum, glauque l’image quand même, quand bien même je voudrai être ridicule, là c’est pire qu’être sur un skate et de vouloir rattraper un escargot à réaction. J’arrête les frais et je recommence. En me copiant, anhonteusement. Je suis déçue, mes doigts ne volent plus, mes regard se font humides et les mots restent coincés le long de ma gorge caféinée (il ne connaît que l’inverse, quelle stupidité !). Mouroir des sensations, des espérances, des fantômes, les rails tracées défilent filent filent.

Bon, ça suffit là ! Mes agneaux, je reprend du service ! Pour votre plus grand heur ! La grandeur de mon envolée ne peut que vous apporter un peu de baume au cœur avant de devenir couac comme un canard triste sans sa becquée matinale. Mâtinée de menthe fraiche. Alors hauts les cœurs ! On bande son arc, on s’apprête à tirer Ulysse et on ne vise pas plus bas que les genoux. C’est vicieux sinon ! L’existence est derrière vous ! Vise le ligne de fuite, on part en chasse ! Horizon de mes deux on t’aura. Cours, cours cours cours cours cours… Encore encore encore encore ; le fond de la peinture n’est pas atteint. Chiot haletant que vous êtes, on ne peut compter sur vous que pour mordiller la liberté. Laissez la place aux grands ! Lévriers, à l’attaque. Ils n’ont pas besoin de rétroviseur, eux au moins. A moins d’un mois le paysage en est devenu envahi, il va falloir agir, au mieux. On se rattache aux promesses non tenues pour effectuer le grand saut. Mais pour plonger on en a pas besoin, cela nous freinerait. Sans filet ! Le rétroviseur n’est qu’un parachute. Et coupe les liens la vieille ! Plus b’soin de fils moi ! Je saute !

Bon voyage les amoureux !

R¨.

Lundi seize juin deux mille huit

jeudi 12 juin 2008

Danaïde

Déesse de la nuit, celle qui nous couve et nous couvre. Déesse du splendide, du sublime dirait Kant. On est loin je pense de cette vision historique de la maîtrise du monde. On ne peut le contrôler, on en a toujours eu peur. Alors ? Alors, on plante. On essaye de trimer, d’extraire la graisse des chevaux de bois et de filtrer l’eau de la rose. Ce n’est pas facile mais nous sommes des bêtes têtus et l’on veut se battre. Se battre oui. En fait si on travaille autant c’est plutôt pour faire une chair à canon plus coriace au bout des temps. Quand on se fera croquer par le grand sablier. Et bouffe, savoure et avale le petit grain de sable. On finira en digestion perpétuelle, car une fois tombés, plus de solution, plus d’échappatoire possible, on est en bas et on s’amoncelle. Tas de mort. Tas surpris. Le sablier ne nous reprendra pas pour agrandir sa vaste tête. Pas besoin, tous les jours d’autres arrivent, par milliers, millions. Et que roule le tonnerre et que claquent les éclairs et que grossissent les nuages… Nous sommes dérisoires. Comment avoir la vraie volonté de sauver des structures auxquelles nous ne sommes attachés que par un lien factice, celui du flouze, ou même par un lien de novice, celui de l’habitude ? Mais c’est à nous ! Propriété de mes deux. A nous ? Pas pour la responsabilité. Pas à nous de l faire. Pas d’ma faute. Pathétique et puéril, le jeu de tennis de table a commencé. A toi ! A toi ! Amoi ! A toi ! A lui ! Le soupir de frustration et de résignation. Celui qui fait gronder les entrailles et qui tourne les sangs dans le mauvais sens. Celui de la pulsation meurtrière, de la pulsion impromptue. Mais rien n’est la faute de personne de toute manière. Tant mieux. Tant pis. On a beau dire, j’ai de plus en plus l’impression que nous sommes des êtres de néants. Êtres emplis de vide, que nous devons emplir, imploser ou mourir. Petit trou noir à lui tout seul, l’homme est un genre nébuleux de la galaxie de la Bulle. Sinon, on ne pourrait pas créer. Il faut de l’espace pour créer. Il faut du plein aussi. Pour le dissocier. Et si la création, la pensée même, n’était qu’une injection plus ou moins habile de vide dans un tas de plein. Pour tout dissocier et ré-agencer. Alors ce n’est plus de la création mais de l’organisation.

Je suis une Danaïde. Révélation soudaine, intime et coriace née un jour de pluie ravageuse. Le ciel nous adressait ses plus salivaires horages et nos frêles silhouettes excitées révélaient la puissance que l’on ne pouvait pas déployer. Impuissant et pourtant, nos cerveaux, nos petits synapses étaient en surchauffe, le corps en pilote automatique, enfin pouvoir se lâcher. Réfléchir dans la bouffée d’adrénaline. Expression pure du sublime. Vraiment. Sans blaguer. Là-haut tout grondait, en bas tout se noyait. Pas en masse, mais en esprit. Chaque goutte était vicieuse, son amas était pervers, son mouvement magnifique. Jaillissement spontané de puissance. Direction commune. Pourrait-on faire ça avec des hommes ? Nan, trop de facultés de différences sont en jeu. Et alors, un sortira de la masse. Et là, on a déjà donné. Donc, la déesse Pluie nous envoyait ses charmes ravageurs. Elle se développait là où l’on ne l’attendait pas. J’attendais un scintillement, un amas lumineux pour cligner des yeux et la voir, elle, la belle et enamourachée femelle. Celle qui commande à tout. L’amante du vent qui la caresse. Peut-être que là ses baisers, ses brises et ses rafales avaient su l’exciter assez pour nous faire partager son plaisir. Il ne faut pas croire que c’est delà colère. Non c’est un partage. Mais nous sommes trop petits pour le comprendre. On ne peut la saisir dans toute sa candeur. L’anthropomorphie ne tue pas. Dites si j’abuse. On a besoin des images, nous sommes incapables de fonctionner autrement, quoique puissent en dire les bornés. Eux mêmes le font, de manière déguisée, en réduisant le champ universel de l’image.

Je parle peut-être trop d’éternité.

R¨.

Jeudi cinq juin deux mille huit

vendredi 6 juin 2008

Peau

Padam padam padam padam padam padam padaaaaam padam pam padadadadam
Toujours là mes petits choux? Z’avez décroché de la dimension ultra sensorielle de nos petites vies sans autre rapport au monde qu’un sensualisme aigu?
Tant mieux ! J’aime me répéter. Les lions de la cage aux fauves ne sont vraiment pas contents, on ne leur donne que maigre pitance, ils réclament de la puissance. Mais comment ingérer l’immensité? Comment ordonner nos petits papiers avant qu’ils ne brûlent? ça fait penser à une vieille chansonnette, une de ces ritournelles sans fin dont le sens est perdu dans les méandres, que dis je dans les miasmes mielleux d’une culture trop riche pour être honnête. Comment le connaître? Comment accéder à cette connaissance absolue de soi? Impossible mon capt’aine, c’est évident. Evident, évident. L’acide m’a dit un jour que l’évidence était subjective et donc s’annulait d’elle même. Il n’avait pas tort mais en même temps, l’acide est incapable d’aller au bout de ses pensées, de ses analyses. La dimension suprême de cette observation de côte flottante est une île individuelle et solliptique qui interdit toute connaissance globale, dans sa mer de crème anglaise, glauque, anglauque-saxonne, pour faire un mauvais jeu de mot.

Mais passons à autre chose.

Être écorché c’est perdre toute séparation avec le monde. Être le monde. Alors l’homme qui n’est pas écorché est un être hors du monde.
Un petit avorton qui n’est pas du liquide amniotique mais qui plongé dedans se croit supérieur.
Finir de plonger et se rendre soudainement compte qu’on est là, rien. Rien. Quel mot sordide ! Il incite au tout, à l’immensité impossible à digérer alors on essaye de rendre le néant, de la vomir, par un pur acte de rébellion, par esprit de contradiction. Les doigts volent, on les dirait faits pour ce type de manœuvre. Mais non, on ne peut dire ça sans présupposer tout un tas de choses, tout un tas. Tas de brique ou de terre, tas d’organe ou de peau. Imaginez cette chair dégoulinante de graisse chaude et réconfortante d’un corps qui se voulait confortable à défaut d’être supportable. Non. Mes agneaux, vous en faites trop. Beaucoup trop. L’huître s’est ouverte sous le souffle divin d’un bourreau des cœurs bien humide. Je ne sais plus ce que je disais. C’est agréable non ? Ne pas savoir où l’on va. Ne pas le soupçonner, simplement se laisser aller. Avant c’était le fil de la plume maintenant ce n’est même plus de l’écorchure de papier, non, ici le fleuve même est virtuel. Tout l’est. Mais c’est ridicule ! Réveillez vous ! Pas virtuel pour un sou, c’est le secret le moins bien caché de l’univers. C’est PAS virtuel. La preuve c’est matériel. Et sans le matériel point de sensation d’être dans un autre monde. On s’oublie vite. On s’oublie, vide. Coquille de fin de mois. Crapaud des héros. Sa crapaude n’est qu’un objet gênant. Tout comme ce corps qu’on oublie. On ne sait plus rien. On ne l’a jamais su. Mais jamais non plus nous n’avions eu une sensation de puissance aussi extrême. Le verbe savoir s’écoule dans mes veines comme du sable dans les mains aux doigts écartés du pêcheur rentrant au pays. Pays de qui, de quoi ? A toi de l’inventer. Rien ne nous satisfaisait. On s’était fait un peu trop nul au départ. L’occasion nous est donnée de ne pas refaire le mauvais pas. Mais pourquoi ne pas se rétablir dans la première histoire ? On a le droit pourtant. Oui mais là l’intersubjectivité joue. Et contre nous. Dommage Balthazar. Y’a toujours un lézard qui sent le patchouli dans les histoires d’amour. Où est le mien ? Je veux l’iguane pour chapeau. Pour garant de ma pureté retrouvée. Avance encore un peu. On y est presque.
Je te fais mes condoléances, riverain. La crue s’est déchainée. Les chaînes ont claqué. La déesse Pluie est sortie de son lit. Honore son peignoir ou tu étoufferas sous les décombres de ses dessous de satin-boue. Ses seins boudent notre regard et l’on ne peut que rendre justice et Beauté à son chatoiement vertical si impressionnant.
Impuissance de l’homme.
Surpuissance de l’eau.
Surimpression sensible dans mon champ de vision.

Branchée sur lui. Je m’envole.

R¨.

Samedi premier juin deux mille huit. Jour d’essai.

Oeil

Bonjour mes agneaux, je vous salue bien, petites choses bien paumées. Bryan Ferry vous aidera peut être dans votre long trépas. La vie n’est que ça. Alors allons y gaiement ! Chantons ! Dansons ! Grimpons ! Le rideau… N’est pas pour tout de suite !

Petits à califourchon sur leurs amis. Petits à la calembredaine. Le regard de la châtelaine empli de tendresse alors qu’il finira par s’éclore. Une petite pelote de laine douce et moelleuse. Comme ce chocolat que j’ai mangé hier matin. Tout barbouillé. La tête. Tout embrumé. L’esprit. Mais où est mon corps ? Comment l’exprimer ? Comment l’utiliser ? Comment le faire exister ? Comment le sentir ? Je flotte dans une cuve sans fin, un calisson dans les neurones. Eprouver. Tout ce Réel qui semble sans queue ni tête. Tout ce Virtuel qu’on nous sert à la louche. J’aurai pu t’offrir des frimousses tachetées. Je me suis contentée de petites têtes tranchées. Proprement. Pas de sang, pas de fluide vital versé. Mon corps a besoin de lui. Ne lui retranchez rien. Sauf la tête. Peut-être qu’il agit mieux s’il agit seul. La torture vient de l’esprit. Elle se fait sentir dans le corps. Alors pourquoi le rejeter aussi violemment. Souffrance extérieure pour bourreau intérieur. C’est banal et sans envergure ; mais ça prend sens. Ça se sent dans les veines, ça parcourt les nerfs, impulsion du silence. Vibration au delà du soutenable, trouver ses limites, sans jamais les atteindre. Sommes nous infinis ? La table rase avait tort, on doit tout prendre là comme ça, sur l’instant. Le reste n’existe pas encore. Mais comment faire des projets alors ? Comment soutenir un avenir ? En profitant ? Errance temporelle. Encore une unité arbitraire. Tout l’est de toute manière. Y’a t ‘il une prédestination ? Peut-être choisit on son voyage dans une immense bibliothèque. Trompés sur la marchandise ? La vie n’est pas une marchandise, sinon, contre quoi l’aurait on troqué, au fondement, à la base ?

Je ne fais même pas de liens. Je ne tisse rien. Je suis. Et encore. Il me suffit de libérer mes doigts et aucune histoire ne vient. Peut-être n’est ce pas plus mal. Les miettes sont encore trop grosses pour moi, je ne m’attache qu’aux plumes. A ce filament léger qui se laisse porter. Je ne sais pas quelle chance j’ai. Je ne le sais pas encore. Mais il paraît que je l’ai su. Un jour. Lointain, alors que cette notion temporelle embarrassante n’était pas encore arrivée me structurer ma naïveté. J’ai envie de me les extraire, de vivre hors pour mieux rentrer dans. Observer. Pâle imitation d’une immanence voulue et jamais atteinte. Ma spontanéité est de ne pas l’être. C’est finalement assez drôle. Une trompette sonne la clôture. Et je peux continuer. J’aime l’ordinateur, il exprime cette distance qui s’exerce en moi en permanence. Je vis ma vie à travers l’écran de mes yeux. Yogi du passé. Ordinateur du présent. Serai je leur futur ? La modestie est paraît elle étouffante. Parfois elle paraît naturelle. Nous sommes seuls a dit le grand porteur de pierre. Mais être seul avec soi même n’est ce pas déjà être à deux ? Solipsisme vain et tiré de rien d’autre que l’extérieur de ma pensée. La proposition s’annule d’elle même. Montrerai je tout ça ? C’est bête. Rabaisser pour mieux sauter. Reculer pour mieux briller, éclater. Tout vole en morceaux ! Big band en arrière plan, je prends le train. Les rails ne sont pas de moi. Je ne suis qu’une particule de faire. Une to do de plus sur les listes infernatiques que l’on essaie de mettre en jeu. Joue une carte plutôt !

La virtualité m’adresse encore quelques petits bâtons de plus.

Je l’éprouve.

R¨.

Samedi vingt-neuf mars deux mille huit